
Depuis le début de nos activités en janvier, PASI a travaillé ferme à soutenir, relier et former les infirmières et infirmiers nouvellement diplômés et les personnes qui œuvrent à leurs côtés. Dans chacune de nos stratégies, nous avons accueilli des invités remarquables qui nous ont fait part de leurs éclairages sur une multitude d’enjeux actuels de la profession infirmière. Nous avons organisé plusieurs séances de préparation aux examens NCLEX et EAIAC dans notre plateforme de CONNEXION, tandis que notre Série de conférences a mis en vedette Ruth Lee (directrice générale de CARE) qui nous a fait découvrir l’expérience des infirmières et infirmiers formés à l’étranger au Canada; Linda Silas (présidente de la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et d’infirmiers) qui nous a livré ses idées sur la justice sociale et une saine politique publique; et Courtney Blake (présidente de l’Association des étudiant(e)s infirmier(ère)s du Canada) qui a traité de la situation des soins infirmiers au Canada et des défis des infirmières et infirmiers d’un point de vue étudiant.
Dans le cadre de L’entrevue avec des infirmières et infirmiers de première ligne, nous avons conversé avec Victor Ejike, étudiant de première année en sciences infirmières à Regina, qui nous a parlé de son expérience dans cette ville et de l’importance de la diversité culturelle; et avec Lionel Tancrede, qui a relaté son parcours d’infirmier et son itinéraire d’étudiant de premier cycle à professeur de sciences infirmières. Dans le dernier épisode du Balado, Madison Cook s’est entretenue avec Kim Scherr de son vécu d’infirmière praticienne en soins intensifs sur le front de la COVID-19. De son côté, Satvir Kaur, étudiante à la maîtrise en sciences infirmières sous la direction de Judy Duchscher, a partagé ses connaissances sur la résilience et son importance pour les infirmières et infirmiers nouvellement diplômés qui font la transition vers la pratique professionnelle.
Dans notre dernier billet de Blogue, Jessica Green donne des conseils pour passer l’EAIAC : ressources disponibles, forme des questions et façon de décomposer les questions pour choisir la bonne réponse. Enfin, nous avons proposé une brochette de livres rédigés par des sommités comme Cynthia Clark, auteure de Creating and Sustaining Civility in Nursing Education (2e éd.).
N’oubliez pas de vous abonner à PASI pour recevoir de l’information sur nos activités à venir. Restez à l’écoute et en contact pour ne rien manquer!


Candidature pour le mentorat:
Ladine Klassen
(nominé par Natasha Klassen)
Je mets en candidature ma tante Ladine Klassen qui a été ma mentor infirmière. Ladine est une infirmière qui travaille dans une clinique de santé communautaire spécialisée dans la santé des femmes à Winnipeg, au Manitoba. Elle est devenue ma mentor quand j’étais dans la vingtaine et que je peinais à trouver ma place dans le monde. Ma tante et moi avons toujours été proches; ses nièces et ses neveux savent qu’ils peuvent se confier à elle. Alors que je lui parlais de mon intérêt pour les sciences et les gens, elle m’a invitée à l’accompagner sur son lieu de travail. En entrant dans la salle d’examen, notre première cliente était une jeune femme nerveuse. Ladine l’a mise à l’aise et a adapté la conversation à son niveau de confort, faisant ainsi la démonstration de soins centrés sur les patients. Elle lui a prodigué des soins holistiques en s’enquérant de son contexte social et de sa santé mentale. C’est ainsi que j’ai trouvé ma place. Ladine m’a encouragée à joindre le programme des conseillères bénévoles de sa clinique, où j’ai pris confiance en moi et acquis un vif intérêt pour la santé des femmes. Ladine accueille les nouvelles infirmières dans la profession avec chaleur et sans porter de jugement, comme elle le fait avec ses clientes et ses nièces. Elle crée un espace où les stagiaires peuvent faire le point et demander conseil. Je lui suis reconnaissante de me servir de mentor.


Avril 1 – 30:
Mises en candidature pour le prix du flambeau! Allez à notre site pour mettre en candidature une infirmière ou un infirmier cadre, chercheuse/chercheur, formatrice/formateur ou praticienne/praticien de première ligne qui comprend la complexité de l’expérience de transition, favorise des initiatives visant l’intégration réussie des infirmières et infirmiers novices dans les milieux de pratique professionnelle, mène des recherches sur les enjeux auxquels font face ces personnes afin de faire progresser les connaissances dans ce domaine, évalue les initiatives visant les infirmières et infirmiers nouvellement diplômés en vue de les améliorer et met en œuvre des réseaux de soutien à l’avantage des infirmières et infirmiers débutants.


Haille Sparling
Kamloops, BC
L’initiative Préparer l’avenir des soins infirmiers vise à soutenir et à honorer les infirmières et infirmiers nouvellement diplômés dans tous les champs de pratique. Dans chaque bulletin, nous mettons en vedette une de ces personnes qui se situe à l’avant-garde de la profession. Nos avant-gardistes assument leur rôle avec courage, en incarnant les normes et les principes de l’excellence infirmière dans leurs tâches quotidiennes. Mises en candidature par leurs pairs, ces personnes possèdent des qualités exceptionnelles qui leur permettent de faire une différence dans la vie de leurs patients.
Ce mois-ci, notre avant-gardiste est Haille Sparling de Kamloops, en Colombie-Britannique. Haille a obtenu son diplôme en avril 2020 et entamé sa carrière au plus fort de la pandémie de COVID-19. Opérant sa transition vers la pratique professionnelle dans un contexte inédit dans l’histoire des soins de santé, elle a persévéré au milieu de nombreux défis et elle s’est même épanouie dans sa carrière d’infirmière.
La connaissance de soi et la réflexion font partie intégrante de la pratique infirmière de Haille, qui accorde beaucoup d’importance à reconnaître et à valider ses émotions et celles des patients afin de développer des réactions davantage axées sur les solutions. Haille est consciente qu’elle deviendra une meilleure infirmière en réfléchissant à ce qui réussit et à ce qui peut être amélioré dans sa pratique – et cela porte fruit. En cette période difficile pour une nouvelle diplômée, elle a déjà exercé sa profession dans trois villes différentes. Malgré les défis que cela comporte, cette expérience a fait d’elle une infirmière exceptionnellement attentionnée, informée et courageuse. Vivant maintenant dans une nouvelle ville et un nouveau pays, elle franchit de nouveaux sommets dans sa carrière et persévère au milieu de la pandémie de COVID-19.
Une fois diplômée, Haille a travaillé dans une unité de soins pédiatriques à Kamloops, puis dans une unité de soins aux adultes à Penticton, en Colombie-Britannique. Tout récemment, elle a accepté un poste de résidente infirmière à l’hôpital pédiatrique de Seattle, où elle se spécialisera dans les soins postopératoires des patients greffés. Ce programme de résidence d’un an lui permettra de parfaire son savoir infirmier et de bénéficier d’un mentorat permanent pour devenir une infirmière accomplie capable de dispenser des soins holistiques avec respect, bienveillance et compassion. Alors qu’elle entreprend cette nouvelle étape dans sa carrière, nous ne pouvons qu’admirer son courage, son intelligence et son engagement professionnel. Haille envisage de poursuivre ses études en sciences infirmières, mais elle attendra de voir où sa nouvelle affectation la mènera avant de prendre des décisions à cet égard.
À PASI, nous nous réjouissons d’observer le parcours infirmier de Haille. Son attitude, sa compassion et son ardeur au travail sont dignes d’admiration et source d’inspiration. Elle est vraiment à l’avant-garde de la profession!


Se préparer à passer des études au travail
PAR JULIA LOWE
Tout au long de mes études de baccalauréat, j’ai appris ce qu’il faut faire pour être infirmière. J’ai appris l’anatomie, les valeurs de laboratoire, les processus physiologiques et l’importance de prendre soin des patients. Alors que je termine ma quatrième année et que je vais obtenir mon diplôme, je dois apprendre quelque chose de nouveau et d’imprévu : ce qu’il faut être quand on devient infirmière. Les infirmières donnent l’impression que leur travail est facile. Elles marchent avec aisance et assurance et sont témoins de certains des moments les plus intimes de notre vie. Ce qu’on ne voit pas est ce qui se passe dans leur tête. Les infirmières ont trois longueurs d’avance sur les autres et se préparent à toutes les éventualités. Elles répondent à nos besoins de santé avec empressement, honnêteté, compassion et un brin d’humour.
Pendant nos études, nous sommes plongées dans notre apprentissage théorique, souvent en n’ayant que des occasions limitées d’appliquer ces connaissances à la vraie vie. Notre horaire et les matières que nous étudions changent constamment et nous avons parfois l’impression de devoir courir simplement pour suivre le rythme. Durant ces années, comment prendre le temps de comprendre ce que cela signifie d’être infirmière? Nous pensons le savoir… puis la chose nous frappe : c’est une vocation sérieuse. Comme infirmières, nous avons une immense responsabilité non seulement envers nos patients, mais aussi envers nos collègues et nous-mêmes. En tant qu’infirmière en herbe, comment vais-je équilibrer ces responsabilités tout en gardant la tête froide, de saines habitudes et un engagement envers la profession que j’ai choisie? À titre de nouvelles diplômées, ces questions et ces défis occupent quotidiennement nos pensées, que ce soit dans notre pratique professionnelle ou dans notre vie personnelle.
Les réalités du milieu de travail nous font sortir du havre protecteur des études postsecondaires en nous immergeant dans le vécu des malades et des bien-portants. Après quatre ans à lire des manuels et à passer des examens, nous sommes maintenant témoins des effets des comorbidités sur la qualité de vie des personnes. Nous constatons l’effet du tabagisme sur la composition des tissus et l’impact émotionnel d’un problème de santé. Nous sommes présentes au chevet de quelqu’un qui rend le dernier soupir et aux côtés d’une mère qui met au monde son nouveau-né. J’ai beaucoup apprécié mes études de baccalauréat en sciences infirmières, mais comment peuvent-elles nous préparer à toutes ces expériences nouvelles qui nous assaillent?
La leçon la plus précieuse que je retiens de mes études est l’importance de la compassion, de la dignité et de la bienveillance. Peu importe la situation, c’est en ayant ces principes à cœur que les infirmières sont fidèles à leur identité. Ces principes sont tout aussi importants dans les domaines de spécialisation que dans les soins médico-chirurgicaux. Je fais mon stage final en salle d’opération, où ces principes fondent les relations que j’entretiens avec les patients et mes collègues. La plupart du temps, les patients arrivent en salle d’opération sans avoir pu se préparer à cette expérience. La majorité d’entre eux en sont à leur première anesthésie et se posent bien des questions : Que va-t-il m’arriver pendant que je ne suis plus en contrôle de mon corps? Comment vais-je savoir si la chirurgie a réussi?
En tant qu’infirmières en soins périopératoires, nous ignorons souvent ce qui a rendu une chirurgie nécessaire; nous devons donc présumer que le patient a été victime d’une situation indue et le traiter avec compassion et empathie. Les membres de l’équipe chirurgicale interdisciplinaire travaillent ensemble en vue d’un objectif commun. Tout comme les patients, nos collègues méritent compassion et empathie. Nous ignorons habituellement quel bagage ils apportent au travail, et nous devons absolument faire preuve de bienveillance dans nos interactions pour assurer le bon fonctionnement de l’équipe et la réalisation de notre objectif. Notre milieu de travail n’existerait pas sans nos collègues, et la santé de nos équipes de soins est nécessaire à la santé des patients.
Après l’obtention de mon diplôme en avril, je vais travailler dans une unité médicale. Je n’en apprécie pas moins mon stage de 13 semaines en salle d’opération, où j’ai acquis de précieuses connaissances qui me serviront tout au long de mon parcours professionnel. Ce que j’ai vécu dans ce cadre spécialisé influencera la manière dont je m’occupe non seulement de mes patients et de mes collègues, mais aussi de moi. J’ai appris l’importance de prendre soin de soi, de s’aimer soi-même et de se comprendre, sans quoi nous ne pouvons pas traiter les autres à la hauteur de ce qu’ils méritent.
Je dis au revoir à mes études infirmières et j’entreprends ma carrière professionnelle avec enthousiasme, joie, fierté et une certaine crainte. Je compte sur les infirmières d’expérience et sur mes pairs pour me faire partager leurs connaissances et pour m’aider à persévérer dans cette merveilleuse profession.


Aperçu des programmes de mentorat
en sciences infirmières à l'Université McGill
Lia Sanzone, directrice du Programme de pairs aidants
L'intention de veiller au soutien et à l'accueil des étudiantes/étudiants en première année d'un programme professionnel en 2014 a débouché sur de nombreuses initiatives visant à assurer leur réussite, non seulement pendant leurs études, mais aussi en tant que cliniciennes/cliniciens et membres du corps professoral en sciences infirmières.
Le Programme de pairs aidants existe pour établir des liens entre les étudiantes/étudiants de première et de denière année à l'École des sciences infirmières Ingram. Il leur procure une plateforme qui facilite l'accueil des novices et leur intégration au sein d'un programme universitaire professionnel. Nous formons des duos et nous organisons des ateliers sur divers thèmes selon les besoins des étudiantes/étudiants, comme des ateliers de français et des ateliers de techniques de survie en contexte clinique. Sans compter nos fêtes gourmandes!
Au fil des ans, nous sommes passés de 35 à 125 duos par année universitaire. Les étudiantes/étudiants peuvent participer au programme dès leur première année et aussi longtemps qu'elles/ils le désirent après l'obtention de leur diplôme.
Voici quelques commentaires de personnes qui ont participé au Programme de pairs aidants:
"le fait d'avoir une mentor qui venait de la même province que moi et comptait y retourner travailler comme moi m'a aidée à envisager mon avenir d'infirmière, d'autant plus qu'à l'époque, je pensais ne pas pouvoir terminer mes études"
"ce programme m'a permis de me sentir moins isolée pendant mes études, parce que les amies que nous nous faisons à l'école ne sont pas toujours les personnes à qui nous sommes à l'aise de nous confier ou qui comprennent notre situation"
"être mentor dans ce programme a fait ressortir l'importance de l'enseignement dans le rôle d'une infirmière"
"j'ai développé mes aptitudes en gestion du temps, et surtout en organisation de rencontres réunissant un grand nombre de personnes"
"les ateliers et le travail accompli avec l'équipe du programme tout au long de mes études m'ont aidée à gérer des rôles multiples alors que j'étais étudiante"
"la meilleure façon de faire face à l'adversité est d'apprendre l'importance du travail d'équipe et de l'établissement de liens solides entre collègues de travail"
"ce programme m'a sensibilisée à toutes les ressources disponibles et à tout ce que l'on peut réaliser par soi-même ou avec l'aide des autres"
"j'ai reconnu l'importance de la résilience au travail lorsqu'il y a des problèmes avec des collègues ou des patients"
"je suis infirmière depuis quatre ans - le programme m'a aidée à constater à quel point j'ai acquis de la résilience par rapport au temps où j'étais étudiante"
Un proverbe africain dit qu'il faut un village pour élever un enfant. Dans cet esprit, il importe que la communauté infirmière encourage les interactions nourricières entre ses membres qui étudient, qui soignent et qui enseignent, afin que nous puissions vivre et grandir dans un environnement sûr et sain.
Pour toute question ou observation, veuillez m'écrire à lia.sanzone@mcgill.ca.
À propos de l'auteure:
Lia Sanzone est titulaire d'un baccalauréat et d'une maîtrise en sciences infirmières de l'Université McGill et elle a obtenu un certificat d'études supérieures en gestion des soins de santé à l'Université Laval. Elle enseigne les sciences infirmières aux premier et deuxième cycles à l'Université McGill. Avant de devenir professeure à temps plein à McGill, elle avait occupé divers postes cliniques et administratifs en santé communautaire. Elle a exercé des fonctions de direction au sein de nombreux comités à différents paliers organisationnels. Devenue directrice du Programme des pairs aidants en 2015, elle agit comme consultante auprès d'autres écoles de sciences infirmières à l'échelle nationale et internationale et d'autres écoles de l'Université McGill. En 2016, elle a reçu le prix d'excellence en orientation universitaire du doyen des affaires étudiantes et le prix d'excellence en enseignement de la Faculté de médecine de l'Université McGill. De plus, en 2021, elle a reçu le prix d'innovation pédagogique de la Faculté de médeine et des sciences de la santé de McGill pour son travail dans l'élaboration et la mise en œuvre d'une pédagogie d'apprentissage inquisitif dans les programmes de sciences infirmières. En juin 2020, elle a été nommée directrice du programme de baccalauréat de l'École des sciences infirmières Ingram de l'Université McGill.


Une formation continue créative
dans le contexte de la COVID-19
Sheri Lynn Price, PhD inf.
Depuis 15 ans, j’étudie la socialisation professionnelle des infirmières et infirmiers – en tâchant particulièrement de comprendre les perceptions, les attentes et les expériences qui émaillent une carrière infirmière. L’un des thèmes qui reviennent constamment dans mes recherches est l’insistance sur l’acquisition des connaissances, non seulement durant les premières étapes de formation ou la transition vers la pratique, mais aussi sur toute la durée de la carrière. Comme dans les autres professions de la santé, la pratique infirmière est fondée sur des données probantes et nécessite donc une formation continue. La pandémie de COVID-19 a obligé les infirmières et infirmiers, professionnels de la santé et établissements de santé et d’éducation à relever bien des défis pour dispenser les meilleurs soins possibles aux patients. Le contexte de la pandémie a fait ressortir le besoin de soins fondés sur des données probantes. Depuis un an, les chercheurs, enseignants et praticiens ont dû non seulement acquérir rapidement des données, mais aussi les diffuser promptement afin d’améliorer les résultats pour les patients et les populations du monde.
Bien que la COVID-19 ait interrompu certains modes traditionnels de formation continue et de diffusion des résultats de recherche (comme l’apprentissage en présentiel), l’échange de connaissances doit se poursuivre. À titre de chercheure, en plus des publications universitaires, les communications que je présente lors de conférences locales, nationales et internationales sont un important moyen de diffuser le résultat de mes travaux. De plus, la participation à ces colloques constitue une stratégie utile de formation continue et d’acquisition du savoir. Avant la COVID-19, j’assistais à plusieurs conférences chaque année – je devais m’y présenter en personne avec les frais d’inscription, de déplacement et d’hébergement que cela suppose. La participation à de telles conférences fait partie des tâches quotidiennes des chercheurs, mais très peu d’infirmières et infirmiers ou autres professionnels de la santé en exercice ont le temps et le soutien financier voulus pour y assister. Alors que le monde est rapidement passé des interactions en personne aux interactions en ligne, j’ai constaté que les façons créatives que nous avons trouvées pour échanger des connaissances durant la pandémie ont eu des avantages imprévus. Par exemple, davantage de personnes peuvent assister aux conférences virtuelles puisqu’il n’est plus nécessaire de se déplacer, d’où l’élimination des dépenses de voyage. De plus, puisque les présentations de certaines conférences sont désormais enregistrées ou affichées, les participants peuvent « assister » à plus de séances que s’ils avaient été présents en personne et avaient dû faire un choix entre plusieurs présentations simultanées. En fait, vu les contraintes budgétaires et logistiques (effectif) qui freinent souvent l’envoi de plusieurs membres du personnel à des conférences, le passage en mode virtuel pourrait permettre aux organisations du secteur de la santé d’appuyer la formation continue d’un plus grand nombre d’infirmières et infirmiers et autres professionnels de la santé.
À titre de professeure, j’ai également assisté à un virage pédagogique. La pandémie a accéléré l’adoption de nombreuses approches créatives qui peuvent s’appliquer à la formation continue du personnel infirmier et des autres professionnels de la santé, y compris diverses stratégies numériques comme les vidéos et les balados, ainsi que les forums d’apprentissage en mode asynchrone et synchrone. Le recours à certaines de ces approches éducatives virtuelles de l’ère numérique auprès d’une génération de plus en plus ferrée en technologie a l’avantage d’élargir l’accès aux nouvelles connaissances et aux idées neuves. De plus, vu la popularité des conférences TED et des exposés de 20 minutes ou moins pour diffuser des « idées qui en valent la peine », il faudrait encourager les enseignants et les chercheurs à utiliser une brochette de stratégies créatives, motivantes et succinctes pour diffuser les savoirs.
La pandémie de COVID-19 a beaucoup à nous apprendre – non seulement à propos du virus, mais également à l’égard de l’impact qu’elle a eu sur tous les aspects de notre vie. J’espère que certaines des recherches qui porteront sur la pandémie exploreront également ses conséquences et ses résultats en fait de nouvelles approches d’enseignement et d’apprentissage. Puisque la pratique fondée sur des données probantes et la formation continue font partie de ce qui est attendu des professionnels de la santé, je crois que les stratégies de formation continue doivent elles aussi faire appel aux meilleures données probantes disponibles. Je crois aussi qu’il incombe conjointement aux praticiens et aux employeurs de veiller à cette formation continue. Mes recherches montrent qu’à toutes les étapes de leur parcours (études, début, milieu et fin de carrière), les infirmières et infirmiers insistent sur l’importance de pouvoir constamment acquérir de nouvelles aptitudes et connaissances. Ces besoins sont amplifiés durant les périodes d’incertitude comme celle que nous fait vivre la pandémie. La recherche de moyens innovateurs d’acheminer les connaissances au personnel infirmier et aux autres professionnels de la santé de façon plus accessible sur leur lieu de travail ne peut qu’améliorer le perfectionnement professionnel et optimiser les soins fondés sur des données probantes.


Célébrer la résilience
Anita Robertson, inf. CCCI CCNE
L’année écoulée a apporté son lot de défis imprévus pour l’enseignement infirmier. La prestation des programmes d’études a changé, les stages cliniques ont été annulés et des jalons comme la collation des grades et la remise des prix ont été marqués de façon très discrète – quand on ne les a pas carrément passés sous silence. Bien qu’il soit difficile de trouver des aspects positifs à cette situation, j’aimerais prendre un instant pour célébrer la résilience et l’adaptabilité des étudiantes et étudiants en sciences infirmières et parler de certaines réussites de l’année.
Au Collège de l’Arctique du Nunavut, nous offrons le baccalauréat en sciences infirmières en partenariat avec l’Université Dalhousie. Compte tenu de notre éloignement géographique et de notre faible population, nos étudiantes et étudiants font un stage clinique à Halifax (Nouvelle-Écosse) durant la session du printemps de leur troisième année pour acquérir de l’expérience auprès de patients plus nombreux présentant des pathologies plus aiguës. En 2021, les restrictions de déplacement ont entraîné l’annulation de ce stage pour cette cohorte dont les stages cliniques précédents avaient été raccourcis en raison de la fermeture du collège et de l’imposition de mesures de santé publique au Nunavut.
Pourtant, ce groupe continue d’apprendre et de se développer, en faisant preuve de beaucoup de souplesse et d’adaptabilité. Nous avons remplacé les heures d’enseignement clinique perdues par des simulations en laboratoire, des plateformes cliniques en ligne et des activités de groupe. Nous avons fait preuve de créativité en négociant des stages non traditionnels auprès d’agences comme le programme d’épidémiologie du ministère de la Santé et en initiant un stage de leadership dans lequel les étudiantes et étudiants de quatrième année ont agi à titre de coformateurs du groupe clinique de troisième année. Les étudiantes et étudiants se sont adaptés à une combinaison d’apprentissage en classe et en ligne pour les cours théoriques de dernière année.
En 2020, nous avons tous souffert de l’isolement et de l’absence de liens, mais les occasions d’apprendre et les expériences positives n’ont pas manqué. Vivre en région arctique pose ses propres difficultés. Les communautés du Nunavut sont très éloignées l’une de l’autre et uniquement accessibles par avion. L’hiver, un blizzard peut paralyser une communauté et empêcher les déplacements des équipes médicales et d’urgence. L’été, le brouillard peut empêcher les avions de livrer les denrées alimentaires et fournitures essentielles. Pourtant, nous grandissons et prospérons parce que nous nous aidons les uns les autres, nous apprenons de nos expériences, nous nous préparons aux urgences et aux imprévus et, surtout, nous écoutons nos anciens qui ont parcouru ce chemin avant nous.
Les finissantes et finissants de 2021 tireront de cette expérience une somme de connaissances qui ne paraîtront pas dans l’immédiat, mais qui leur seront d’une aide précieuse tout au long de leur carrière infirmière. L’apprentissage en ligne exige beaucoup de motivation et de discipline, ainsi que la capacité de reconnaître ses propres besoins d’apprentissage et la meilleure façon de les combler. La gestion du temps et le sens de l’organisation sont devenus encore plus importants alors que la démarcation entre le travail, l’école, la maison et la famille est devenue floue. Combien sommes-nous à avoir appris à rédiger un travail tout en préparant le souper, faisant la lessive et amusant un bambin maussade? Nous n’aurions jamais pensé que c’est ainsi que se dérouleraient les études infirmières, mais nous avons tenu la route.
Dans l’Arctique, la pratique infirmière est stimulante et gratifiante, mais elle exige un dévouement et une préparation qu’on ne peut expliquer sans les avoir vécus. Je félicite nos finissantes et finissants de 2021 pour leur ténacité et leur résilience. Cette expérience en fera des infirmières et infirmiers solides, polyvalents et compatissants qui dispenseront des soins culturellement sécurisants à la population du Nunavut.


La prestation de soins équitables et inclusifs
Nadine Rae Henriquez, inf., M.Sc.Inf.
Professeure adjointe
Université de Brandon, Brandon MB
Les infirmières et infirmiers nouvellement diplômés amorcent leur carrière professionnelle dans un contexte extrêmement difficile en raison de la pandémie de COVID-19. De plus, la diversité croissante des populations entraîne une évolution rapide des cadres de prestation des soins. Les demandes se faisant toujours plus pressantes, il est plus important que jamais de créer un climat de respect, d’inclusivité et d’équité et d’assurer la dignité des patients et de leur famille. Voilà une tâche redoutable pour les infirmières et infirmiers novices. Comment ces personnes peuvent-elles commencer à dispenser des soins équitables et inclusifs?
Les soins inclusifs consistent à créer un espace dans lequel les différences sont non seulement reconnues et acceptées, mais également valorisées et célébrées. Les soins inclusifs commencent par la reconnaissance et la compréhension de la culture, du vécu et de la situation sociale de chaque patient. Les infirmières et infirmiers doivent aussi prendre conscience de leurs propres convictions, valeurs et culture et de l’influence qu’elles exercent sur la relation thérapeutique. Cette sensibilisation débute par une démarche d’introspection et, comme le rappelle le Code de déontologie des infirmières et infirmiers (2017), elle est un élément essentiel d’une pratique éthique. Les infirmières et infirmiers portent inévitablement des convictions, des valeurs et des stéréotypes influencés par les médias, l’appartenance religieuse, les amis et les parents. L’introspection sensibilise à ces sentiments, suppositions et partis pris inconscients qui risquent, même involontairement, de mener à des environnements propices aux inégalités en matière de santé, voire à des violations des droits de la personne. Une meilleure prise de conscience de nos préjugés et des suppositions que nous avons intériorisées nous aide à comprendre la façon dont ces partis pris peuvent nuire à nos patients, à leur famille, à nos collègues et à la qualité des soins dispensés (Eliason & Chinn, 2018).
Nos paroles et notre langage corporel laissent aussi des traces durables qui vont au-delà du moment présent et qui influenceront les relations futures des patients avec le système de santé. Nos mots et nos gestes reviendront à l’esprit des patients pour les réconforter – ou les hanter. Autrement dit, les façons de parler peuvent créer des environnements accessibles, inclusifs et accueillants dans lesquels les soins sont centrés sur les patients et dispensés avec respect ou, au contraire, créer des barrières infranchissables pour des personnes déjà aux prises avec la stigmatisation, la discrimination et la marginalisation. Des expériences de discrimination et de stigmatisation peuvent influencer la façon dont les gens perçoivent la société et interagissent avec les intervenants, y compris les professionnels de la santé. Ces expériences malheureuses génèrent des sentiments de crainte et de méfiance qui se répercuteront sur les relations futures de ces personnes avec les services de santé (Eliason & Chinn, 2018). Nous devons constamment nous demander si nous avons créé un environnement de confiance et de respect mutuels permettant aux patients de nous faire part de leur vécu.
En qualité d’infirmières et infirmiers, nous n’avons aucun espoir de nouer une relation thérapeutique efficace avec nos clients si nous ne gagnons pas leur confiance. Cette confiance étant le socle d’une communication significative et d’une relation solide, les infirmières et infirmiers doivent s’efforcer consciemment d’instaurer un climat de confiance pour comprendre les besoins et les préoccupations des patients (AIIC, 2017). Les infirmières et infirmiers ont la responsabilité éthique et morale de favoriser des interactions accueillantes et inclusives, en étant notamment sensibles aux signes de capacité et à la présence de barrières qui limitent les opportunités. Des rapports sains supposent également un esprit ouvert à d’autres valeurs et points de vue. Autrement dit, nous devons écouter les gens et les prendre tels qu’ils sont, en créant des espaces de partage où les patients se sentiront à l’aise pour raconter leur vie. Nous pouvons notamment écouter et reproduire la manière dont les patients s’expriment et formuler nos questions d’une façon qui témoigne de l’acceptation et du respect d’un large éventail de situations familiales et de relations personnelles. Par exemple, nous utiliserons des mots comme « partenaire » dans le cas des couples ou « proche » ou « tuteur » (plutôt que mère ou père) dans le cas de proches aidants qui ne sont pas nécessairement apparentés au patient; de même, nous demanderons aux personnes comment et par quel pronom elles souhaitent être désignées, pour aider les praticiens à éviter de faire des suppositions sur l’identité à partir de l’apparence physique. De telles suppositions, souvent basées sur des stéréotypes et des préjugés, ne sont pas un indicateur fiable du genre, de l’orientation sexuelle, de l’état des relations, de la race, de l’âge ou des convictions et valeurs. Les milieux de soins peuvent véhiculer des messages forts d’accueil ou de rejet; il faut donc procéder à un examen pour déterminer si les choix linguistiques offerts, les images visuelles affichées et les formulaires utilisés reflètent la diversité des populations desservies.
Étant novices dans la pratique professionnelle, les infirmières et infirmiers nouvellement diplômés pensent peut-être ne pas avoir l’expérience suffisante pour exprimer leurs préoccupations au sujet des soins. En gardant le lien avec d’autres infirmières et infirmiers novices et en consultant des collègues, des membres de leur équipe et des associations professionnelles, ces personnes se sentiront plus à l’aise pour faire part de leurs préoccupations quant à des pratiques inéquitables. L’inclusion consiste à créer un espace où tous sont appréciés et invités à contribuer, y compris les infirmières et infirmiers nouvellement diplômés. Étant au fait des enjeux actuels, des tendances de l’heure et des innovations dans la pratique, ces personnes sont idéalement placées pour apporter des perspectives nouvelles et donner l’exemple d’approches inclusives, en incarnant le changement qu’elles souhaitent voir advenir.
Références
Association des infirmières et infirmiers du Canada. (2017). Code de déontologie des infirmières et infirmiers. Chez l’auteur.
Eliason, M. J., & Chinn, P. L. (2018). LGBTQ cultures: What health care professionals need to know about sexual and gender diversity (3e éd.). Lippincott Williams & Wilkins


Les fondements de la transition des infirmières
et infirmiers dans leur premier rôle professionnel
(1re partie – STABILITÉ)
PAR DR. JUDY BOYCHUK DUCHSCHER
Votre première expérience de travail recoupe un certain nombre de fondements : 1) stabilité, 2) prévisibilité, 3) familiarité, 4) cohérence et 5) succès. Vous trouverez ici le premier de quatre articles sur ce sujet.
Précisons d’emblée que la question sous-jacente en est une de « contrôle » – dans un environnement stable, prévisible, familier et cohérent, nous sentons que nous contrôlons ce qui nous arrive, y compris quand, comment et avec qui cela se passe. Lorsque ces éléments sont en place, nous sommes aux commandes de notre vie. Or, lors d’un changement important comme la transition dans un rôle professionnel, beaucoup de choses échappent à notre contrôle – nous laissant à la dérive dans une mer d’incertitude – et nous consacrons énormément d’énergie à essayer de ramener la situation à la « normale ». Bien des fois, le fait de ne pas trop savoir ce qui nous attend nous amène à vouloir remettre les choses comme elles ÉTAIENT, parce que nous reconnaissons ces façons d’être et savons comment y faire face – c’est confortable. Pourtant, souvent sans nous en rendre compte, nous nous empêchons ainsi d’aller au-delà de ce que nous connaissons déjà, ce qui met des obstacles sur le chemin de l’acceptation, de l’ajustement, de l’adaptation et de la croissance personnelle.

La STABILITÉ se rapporte à la constance des situations durant votre expérience de transition; essentiellement, elle désigne ce qui n’est pas susceptible de changer ou de se « détériorer ». Sur la plan PERSONNEL, ceci se traduit par la ressemblance entre votre vie AVANT et APRÈS l’obtention de votre diplôme et votre entrée dans la pratique professionnelle. Il y a certes des gens qui s’épanouissent au milieu du chaos (autrement que pour de brèves périodes d’effervescence motivante et stimulante), mais je n’en connais pas trop qui carburent vraiment au chaos, sauf s’ils ont été exposés à beaucoup de désordre durant leur enfance et ont ainsi acquis l’aptitude de composer avec l’instabilité dans leur vie. Nous avons besoin de stabilitépour « être » humains — c’est une exigence fondamentale de l’homéostasie, que tout le monde recherche d’un strict point de vue biophysiologique.
« Mes six premiers mois ont été terribles. L’horreur totale… le manque de confiance, un endroit nouveau…ne pas savoir quoi faire parce que je commence dans le métier, être plongée dans des situations où je ne suis pas sûre de moi et de ce qu’il faut faire. »
Si vous êtes à la veille d’obtenir votre diplôme, réfléchissez à toutes les décisions qui peuvent « attendre » jusqu’à ce que vous ayez quatre mois d’expérience professionnelle, pour éviter que des changements dans votre vie personnelle accentuent le stress lié à la transition. Quand vous songez à tous les changements que vous prévoyez, n’oubliez pas que les changements POSITIFS n’en demeurent pas moins des changements — déménager, acheter une maison ou une auto, se marier. Ces événements excitants vous apporteront sans doute beaucoup de joie, mais ils vous prendront de l’énergie et seront un facteur « d’instabilité » dans votre vie. Si vous POUVEZ reporter des décisions IMPORTANTES jusqu’à ce que vous ayez au moins six mois d’expérience de travail, vous conserverez l’énergie nécessaire pour supporter le stress qui accompagne les premiers pas dans la vie active.
La vie nous réserve évidemment des changements que nous ne pouvons pas toujours contrôler. Parfois, il faut simplement faire avec. Dans ce cas, le simple fait de reconnaître l’instabilité que vous vivez dans vos relations, votre situation financière, vos conditions de logement ou d’autres aspects de votre vie vous aidera à gérer ces facteurs de stress qui risquent d’AMPLIFIER le stress causé par votre transition dans la profession infirmière.
Ceci dit, comment gérer votre stabilité au travail? Les facteurs d’instabilité présents dans un milieu de travail échapperont sans doute en grande partie à votre contrôle, mais vous avez un certain contrôle sur le choix de l’endroit où vous exercerez votre métier et nous pouvons tous contrôler la façon dont nous RÉAGISSONS à ce qui se passe autour de nous.
Pour commencer, POSEZ DES QUESTIONS!!!! Par exemple, quand vous rencontrez des personnes clés avec qui vous pourriez bientôt travailler (et vous devriez TOUJOURS rencontrer la responsable, l’éducatrice clinique et plusieurs infirmières et infirmiers – expérimentés et novices – du secteur où vous envisagez sérieusement de travailler), songez à leur demander :
- combien d’infirmières et infirmiers ont quitté l’unité depuis un an et pourquoi;
- quel effectif ils maintiennent (quel est le ratio patients-infirmière, quelle est la fréquence des heures supplémentaires et des congés de maladie dans l’unité sur une base hebdomadaire);
- quelle est la durée moyenne du séjour des patients dans cette unité/ce centre de soins; en moyenne, quel est le niveau d’occupation de l’unité (nombre de lits occupés chaque jour);
- quelle est la gravité de l’état des patients (à quel point les patients de l’unité sont-ils MALADES – comment le mesure-t-on, et si l’état des patients se détériore pendant un quart, comment ajuste-t-on la charge de travail de l’infirmière en conséquence);
- quel genre d’activité sociales organise-t-on pour le personnel (souvent, ces activités en disent long sur la satisfaction professionnelle – même une lourde charge de travail est gérable quand les membres du personnel travaillent de concert et s’apprécient mutuellement);
- combien de temps la personne responsable passe-t-elle DANS l’unité en interaction avec le personnel;
- quelles sont les possibilités de formation permanente (quand a-t-on organisé la dernière séance de formation pour les infirmières et infirmiers, combien y ont assisté, les a-t-on remplacés pour l’occasion et sur quoi portait la séance);
- emploient-ils du personnel de soutien (entretien, commis, gardiens) après 16 heures;
- les gens aiment-ils travailler à cet endroit (y a-t-il des babillards humoristiques dans l’unité ou le lieu de travail, y a-t-il un comité social et quelle est la dernière activité qu’il a organisée);
- à quoi ressemble la journée typique d’une infirmière ou d’un infirmier dans cette unité;
- en moyenne, combien de pauses les infirmières et infirmiers prennent-ils réellement chaque jour;
- comment les membres du personnel collaborent-ils dans la prestation des soins (comment les infirmières et infirmiers, infirmières et infirmiers auxiliaires et préposés aux bénéficiaires discutent-ils des soins à dispenser et se répartissent-ils la tâche pendant un quart de travail).
Je me dois d’insister ici sur la stabilité « clinique » de la catégorie de patients dont vous choisissez de vous occuper au début de votre carrière. Mes recherches aux services d’urgence ont été particulièrement éclairantes à ce sujet. Malgré toute leur intelligence et leur compétence, les infirmières et infirmiers novices ont rarement assisté à des phénomènes de décompensation aiguë associés à des risques élevés chez les patients (probabilité de résultat catastrophique). Cette inexpérience limite fortement la capacité des infirmières et infirmiers novices de reconnaître les changements subtils dans l’état clinique des patients. Cette insuffisance ou absence de connaissance « tacite » (acquise à force de VOIR des conditions évoluer) peut rendre les patients vulnérables, de même que les nouveaux praticiens et leurs collègues. Ajoutez à cela le caractère très imprévisible (évolution rapide des situations qui ne peut être anticipée), peu familier (potentiel de nombreuses conditions cliniques), irrégulier (variation des manifestations cliniques d’une condition donnée) et chargé d’émotion (patients dont la santé est menacée ou familles souvent en crise) de la pratique dans un cadre de soins de haute acuité comme l’urgence et les soins intensifs, et vous obtenez un environnement potentiellement volatil qui fait courir un risque élevé de transition malsaine, inefficace et potentiellement dangereuse.
N’oubliez pas qu’à titre de novice dans la pratique, votre tâche principale consiste à acquérir(NOTE PERSO : ce n’est pas écrit « AVOIR ») :
- une base solide de compétences organisationnelles et de gestion du temps;
- des compétences fondamentales en évaluation du continuum « normal—anormal » (sur le plan de la pathophysiologie clinique ou de la dynamique communautaire et relationnelle);
- la capacité de prioriser et de déléguer;
- les connaissances culturelles et sociales requises pour travailler en équipe et travailler au sein de l’équipe où vous vous trouvez;
- une compréhension des différences entre les attentes d’une infirmière/un infirmier nouvellement diplômé et celles d’une étudiante/d’un étudiant de dernière année et même celles d’une infirmière/d’un infirmier ayant un ou deux ans d’expérience ou de longues années de métier;
- la capacité de trouver un équilibre entre votre travail et votre vie personnelle (ou de RETROUVER une vie personnelle…);
- la flexibilité voulue pour apprivoiser les conséquences du travail par quarts sur le rythme circadien et le mode de vie;
- la compréhension de la façon de travailler en collaboration, en consultation et en interdépendance avec les autres professions de la santé (médecins, travailleurs sociaux, physiothérapeutes).